Note générale
Source(s) consultée(s) en vain: Annuaire de l'imprimerie, 1821. - Annuaire de l'imprimerie, 1826. - Werdet. - Felkay
Imprimeur-libraire, éditeur et publiciste ; militaire ; à Évreux, imprimeur de l'administration centrale du département de l'Eure. - Natif de Bailleul-la-Vallée (Eure), il serait le fils d'un fermier du lieu. Entre en apprentissage chez un imprimeur d'Évreux, probablement Jean-Jacques-Louis Ancelle, avant de s'enrôler, à Gisors, dans le 2e bataillon de l'Eure en juin 1792, d'être promu lieutenant (oct. 1792) et de participer avec l'armée du Nord aux campagnes de 1792-1793, tour à tour employé dans la ligne et à l'état-major du général Turreau. Aurait été secrétaire sous la Terreur de Robert Lindet, député jacobin de l'Eure et membre du Comité de Salut public. Versé à partir de mai 1796 dans le 14e régiment d'infanterie, il rejoint l'armée d'Allemagne à Coblence et se voit affecté à la fabrication du "Mercure du Rhin", périodique fondé à Neuwied, rive droite du Rhin, pour propager les idées républicaines. De retour en France, il achète une imprimerie et s'établit à Évreux où, de déc. 1796 à avril 1798, il publie le "Bulletin du département de l'Eure", journal néojacobin suspendu une première fois en nov. 1797 puis finalement interdit. En 1799, il aurait participé aux opérations contre les Chouans. En 1800, réformé avec traitement réduit, il entreprend des études de droit à Paris, achète et revend une charge d'huissier, ouvre une agence d'affaires et rédige les tables du "Bulletin des jugemens du Tribunal de cassation". Devenu commissaire des guerres, il participe en 1806 à la campagne de Prusse et séjourne en Poméranie jusqu'en 1810. Promu capitaine en fév. 1812, il prend part à la campagne de Russie en qualité d'aide de camp du général Isidore de Blanmont et survit au passage de la Bérézina. À nouveau aide de camp du général Turreau en 1813, il commande la défense de Würzburg assiégé, négocie sa reddition et parvient à rallier pour l'informer l'état-major de l'Empereur, acte de bravoure qui lui aurait valu son titre de chevalier de la Légion d'honneur (nov. 1813), la promotion au grade de chef de bataillon et l'intégration à l'État-major général. Après avoir participé à la campagne de France (mars 1814), il est mis à la retraite lors de la Première Restauration, mais reprend du service pendant les Cent Jours et prend part à la bataille de Ligny (16 juin 1815). Élevé au lendemain de Waterloo au grade de colonel qui lui est aussitôt contesté et ne lui sera reconnu qu'en nov. 1831. En 1816-1817, il se retire à Marseille puis à Toulouse, où il est greffier auprès d'un tribunal militaire, puis en Normandie, enfin à Charonne (aujourd'hui Paris), où il rédige les tables du "Moniteur". En 1819, installé à Paris, prend part à la fondation du journal libéral "La Renommée". Publie en 1820 la "Charte (constitutionnelle)" à 1 sou, distribuée à 100 000 exemplaires et déclinée ensuite en une série d'"objets-Charte" à succès (tabatières notamment). Breveté libraire à Paris le 22 août 1821, il entreprend la publication de séries d'éditions de petit format et bon marché des œuvres de Voltaire, Rousseau, Montesquieu, de classiques du théâtre français ou d'écrits satiriques, dont les premières productions de Gérard de Nerval. Emploie alors chez lui le jeune Eugène Renduel (1798-1874), futur éditeur des romantiques. Publie aussi sous les raisons : "Dépôt des éditions-Touquet" et "Entrepôt central de la librairie, chez Touquet et compagnie". Auteur en 1821 d'une "Pétition de M. Touquet aux Deux Chambres, sur la censure des journaux". En faillite déclarée le 15 mars 1824. La publication d'une version de l'Évangile expurgé de tout élément surnaturel lui vaut, le 20 sept. 1826, une condamnation à 9 mois d'emprisonnement et 100 francs d'amende pour "outrage à la morale religieuse et à la religion d'État" ; il en fait appel et se pourvoit, en vain, en cassation. Son brevet lui étant retiré par ordonnance royale du 29 mars 1827, il se réfugie en Belgique, puis revient à Paris. Après la révolution de 1830, il milite pour l'abrogation des ordonnances "spoliatrices" de 1815 qui annulaient les promotions militaires des Cent Jours, et rédige à ce propos un opuscule, annoncé pour 1836, dont seul un prospectus a paru. Officier de la Légion d'honneur (avril 1831). Breveté à nouveau libraire le 25 nov. 1831. Admis à faire valoir ses droits à la retraite en fév. 1832. Décédé à Passy (aujourd'hui Paris) le 23 janv. 1836 (d'après le "Bulletin des lois", 1836, partie suppl., n° 202), bien qu'on le dise mort en exil à Bruxelles en 1833, ou à Blankenberg, près de Bruges, en 1834, dans la presse de l'époque. Auteur, entre autres, de libelles dirigés contre Mgr Étienne-Antoine de Boulogne ou contre des libraires concurrents, Jean-Baptiste Garnéry, Noël-Louis-Joseph Tenré et Jean-Joseph Laurens, il est lui-même visé par un pamphlet de Jean-Claude-Hippolyte Méhée de La Touche (1760-1826), "Touquetiana : ou Biographie d'un grand homme...", publié à Paris en 1821, qui le présente comme un affabulateur et un escroc et met en doute ses faits d'armes. Cet écrit sera repris en substance par Jacques Collin de Plancy dans son "Colonel Touquet ou l'Esprit de spéculation" (1847). Une note dans son dossier de brevet indique qu'"il serait le fils Hébert [pseudonyme ?], rédacteur au "Père Duchêne" [reprise du titre révolutionnaire ?]"